Janos Ber
Traverser
Vue de l’exposition et figure évanescente de l’artiste
Photo : Patrick H. Müller
Courtesy de l’artiste et des Tanneries – CAC, Amilly

Janos Ber
Traverser
Vue de l’exposition
Photo : Patrick H. Müller
Courtesy de l’artiste et des Tanneries – CAC, Amilly

Janos Ber
Traverser
Vue de l’exposition
Photo : Patrick H. Müller
Courtesy de l’artiste et des Tanneries – CAC, Amilly

Janos Ber
Traverser
Vue de l’exposition
Photo : Patrick H. Müller
Courtesy de l’artiste et des Tanneries – CAC, Amilly

Janos Ber
Traverser
Vue de l’exposition
Photo : Patrick H. Müller
Courtesy de l’artiste et des Tanneries – CAC, Amilly

Janos Ber
Traverser
Vue de l’exposition
Photo : Patrick H. Müller
Courtesy de l’artiste et des Tanneries – CAC, Amilly

Janos Ber
Traverser
Vue du montage de l’exposition
Photo : Patrick H. Müller
Courtesy de l’artiste et des Tanneries – CAC, Amilly

L'ensemble de l'équipe des Tanneries – Centre d'art contemporain et de l'École municipale d'art d'Amilly tient à rendre un dernier hommage à Janos Ber, un artiste qui a profondément marqué la vie et l'histoire du centre d'art de sa sensibilité et de sa générosité, humaines comme plastiques. Rien de plus juste que ses propres mots rédigés spécialement pour le catalogue qui documente son exposition Traverser présentée en Grande Halle du 6 octobre au 16 décembre 2018, afin d'évoquer sa dernière traversée – du préambule jusqu'à l'épilogue, du début jusqu'à la fin.

« POÈME » écrit par Janos Ber en préambule du catalogue Traverser*

 

je viens pour
chercher le langage des formes
et je trouve un monde
un monde semblable au grand monde
semblable à un corps qui habite le monde
semblable à l’habitant du corps

un monde aussi comme une forêt
la Forêt Gaste de l’aventure retrouvée

tourner autour
puis entrer dedans
en suivre les axes
et couper par des chemins de traverse

ta déambulation multiplie les images
formation transformation
les traces s’associent
un chemin de transformation

peinture architecture ensemble
apparition d’un lieu
être environné
être dedans et pas seulement devant
puis traverser passer
traverser

que les traces se courbent
vers une forme

l’endroit m’impose son envers
accepté la mort dans l’âme
ou plutôt dans le corps

les formes sont avant l’écriture
et même avant l’oral
vrai langage
ni transcription ni projection ni explication
mais qui coule de sa source
ne se contente pas de remplir une place
vacante

revenir toujours au commencement
et laisser dérouler l’acte
pas de construction préalable
l’ordre vient à son heure

il y a aussi les nombres 1-2-3…

c’est dans le même temps
que la main pose des couleurs
et que les mots tournent dans la tête
des mots qui veulent se poser sur les choses

et des mots pour dire le faire
les mots posés sur les actes
les mots accompagnant le geste

cela ressemble à penser
ceci est une expérience
sensible je la veux savoureuse

à chaque étape concilier
concilier sans cesse

là il est question de passage et du passant
d’attente et de satisfaction
de commencer et de finir
de l’endroit et de l’envers
du dedans et du dehors
intérieur et extérieur
du haut et du bas
question et conclusion

l’un et le multiple
l’entier et la fraction
monochromie polychromie

le blanc

ce qui s’associe
et ce qui se sépare
ce qui s’étend puis se contracte
le sans fin
qui respire

dispersion et rassemblement
resserrement et dilatation

une respiration encore

JB

 


« REPÈRES », (auto)biographie écrite par Janos Ber en guise d’épilogue du catalogue Traverser*

Né à Budapest en 1937, Janos Ber vit à Paris et dans ses environs depuis 1957. Inscrit aux Beaux-Arts de Paris, il ne commence son apprentissage qu’au Louvre, face à Paolo Uccello. Il rencontre Simon Hantaï en 1959 et découvre la même année la peinture américaine, avant tout Sam Francis, Mark Rothko et Jackson Pollock.
Il interroge depuis cette époque les écrits et la peinture d’Henri Matisse.
Début d’un travail révélant des thèmes venus de « l’inconscient », thèmes qui après un long détour deviendront les siens. Son livre, Un rouge ciel, peintures et notes sur la peinture, édité par Adam Biro en 1997, cherche à dire cette expérience.

C’est Gilles Vallée, de la galerie du Haut-Pavé, qui lui offre sa première exposition en 1964.
Puis, bien plus tard, Marika Marghescu dès 1983 dans sa galerie de Hanovre et, à partir de 1984, Jean-Pascal Léger à la galerie Clivages à Paris, montrent et soutiennent son travail durant une dizaine d’années. En 1984, François Mathey le convie à son exposition d’adieu, « Sur invitation ».
C’est également le temps des participations aux foires d’art – la FIAC, Interarte, Art Cologne – et à d’autres expositions collectives. Inscription de l’acte de peindre dans la grande respiration de la découpe et de l’assemblage, préparant l’émergence de figures.

À partir de 1993, Madame Wiegand-Uhl, historienne d’art à Munich, réunit autour de sa peinture un petit groupe d’amateurs fervents.
Première peinture murale pour Gérard Thurnauer en 2001. Plusieurs interventions à l’atelier Cantoisel de Jany et Michel Thibault à Joigny.
Gilles Altieri lui organise une importante exposition à l’Hôtel des Arts de Toulon en 2002.
Pierre Kahn l’invite à la Société de psychanalyse freudienne en 2003.
La même année, il réalise des peintures murales pour Henri Gaudin à la médiathèque et au conservatoire de Vincennes.
Première formulation de la notion de « peinture d’accompagnement » dans un rapport à l’architecture.
Interrogation de la place du spectateur.

Olivier Delavallade lui propose en 2005, dans le cadre de L’Art dans les chapelles, dans le Morbihan, l’occasion d’une nouvelle peinture d’accompagnement dans un lieu à vocation religieuse.
En 2008, Martin Pierlot expose quatre moments de sa peinture récente au château de Ratilly.
« Faire face », deux expositions simultanées en 2010 : Dominique Szymusiak, au musée Matisse du Cateau-Cambrésis, et Olivier Delavallade, au domaine de Kerguéhennec, montrent de façon large le cheminement des thèmes subjectifs dans la peinture.

En 2012, François Lagière, de l’Institut français de Budapest, présente ensemble les travaux de Klimó Károly et de Janos Ber. En retour, en 2015, l’Institut hongrois de Paris montre des fusains de Janos Ber, dont l’ensemble couvre une trentaine d’années.
En 2012 encore, au musée de Kiscell, à Budapest, « Consolation » se veut la rencontre entre la chapelle émouvante et des peintures de très grands formats.
Janos Ber réalise deux frises murales pour l’architecte Paul Chemetov en 2016.

En 2018, Olivier Delavallade réserve une place pour ses peintures de grand format dans l’exposition in situ « Mur/Murs » au musée Gyeonggi d’Ansan, en Corée du Sud. En même temps, Lee Ji Won inaugure la P&C Gallery à Daegu avec une exposition des travaux de Janos Ber de l’année précédente.
Cette même année, Éric Degoutte lui offre la chance d’une nouvelle peinture, non religieuse, en lien avec l’architecture des Tanneries à Amilly, où il peut appréhender une complexité de l’espace encore inconnue et en relation étroite avec l’aspect émotionnel de son travail.


Ce catalogue a été édité en collaboration avec les éditions Bernard Chauveau en décembre 2018.